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Nicolas Chibaeff quitte le consulat général, mais pas le Québec

Après trente ans au service de la diplomatie française, dont quatre dans la capitale nationale, le consul général de France à Québec Nicolas Chibaeff annonce ce mardi 30 août qu’il reste au Québec: il part pour Montréal, à l’Université du Québec à Montréal, en qualité de diplomate en résidence et chercheur associé à la Chaire Raoul-Dandurand. M. Chibaeff sera remplacé jeudi 1er septembre par Mme Laurence Haguenauer.

Le consul Nicolas Chibaeff (à gauche) aux côtés de MM. Alain Juppé (maire de Bordeaux) et Régis Labeaume (maire de Québec), le 27 août 2015, dans les salons de l'hôtel de ville de Québec, à l'occasion du salon des vins de Bordeaux. Photo F. A.

Le consul Nicolas Chibaeff (à gauche) aux côtés de MM. Alain Juppé (maire de Bordeaux) et Régis Labeaume (maire de Québec), le 27 août 2015, dans les salons de l’hôtel de ville de Québec, à l’occasion du salon des vins de Bordeaux. Photo F. A.

Nommé en septembre 2012 à la capitale nationale, Nicolas Chibaeff avait pris son poste dès le mois suivant, ce qui lui avait toutefois permis d’assister à Paris à la première visite de la nouvelle Première ministre du Québec Pauline Marois, élue en septembre.

Dans le cadre des relations franco-québécoises, M. Chibaeff allait avoir à préparer la visite du Premier ministre français Jean-Marc Ayrault, en mars 2013, à l’occasion des rencontres alternées France-Québec. Dans la foulée, le consul général allait superviser une législative partielle: la dernière occasion donnée aux Français de la liste électorale consulaire (LEC) d’aller voter dans l’Espace France adjacent à la résidence consulaire, qui allait être détruit quelques mois plus tard (Centre de documentation consacré à la culture française, l’Espace France abritait également le bureau local de Office Français de l’Immigration et de l’Intégration).

En 2014, la toute première élection des conseillers consulaires, qui tombait en même temps que le scrutin européen  -auquel les Français résidant hors d’Europe n’avaient pas pu participer en 2004 ni en 2009- avait lieu au Collège Stanislas. Ces deux scrutins se tenaient en avril, alors que le Premier ministre du Québec était devenu Philippe Couillard, dont Le Télégramme indiquait qu’il était inscrit sur les listes électorales françaises. En France aussi, le Premier ministre avait changé, et c’est pour la venue de Manuel Valls (annoncée pour juin 2016, puis reportée à l’automne) que M. Chibaeff et son équipe ont préparé la prochaine rencontre alternée France-Québec. Annoncée pour juin 2016, cette visite traditionnelle de la France au Québec a été reportée à l’automne du fait de la situation en France.

Durant le passage de Nicolas Chibaeff à Québec fut lancée une infolettre à destination des Français inscrits à la LEC; outre un éditorial co-signé par les consuls généraux de la capitale nationale et de la capitale économique, on y trouvait diverses informations culturelles et politiques, ainsi que le « portrait du mois » d’un(e) Français vivant au Québec. Depuis l’été 2015, cette infolettre ne paraît plus: la dernière édition de La France au Québec a été distribuée le 10 juillet 2015, à la veille de la Fête nationale française. Une Fête soulignée diversement, au gré des ans, du fait de la conjoncture économique: en 2013 un pique-nique en plein air ayant entraîné des coups de soleil, en 2014 une soirée réservée à très peu de monde mais médiatisée car dans un lieu prestigieux, et en 2015 une soirée largement sponsorisée pour les personnalités locales (médias et hommes politiques) mais payante pour le français moyen (où il ne restait plus rien) au rez-de-chaussée de l’immeuble qui, en avril 2016, allait abriter le consulat.

Car le consulat général de France à Québec, situé dans une maison du XVIIe siècle depuis le début des années 80, a été mis en vente au printemps 2014, et les locaux plus fonctionnels ont ouvert au public le 18 avril 2016.

Dans le contexte du terrorisme international, le consul Chibaeff a eu l’occasion de vivre les attentats de l’automne 2014 au Québec (Saint-Jean sur Richelieu) puis au Canada (Ottawa). Moins de trois mois plus tard, alors que commençait l’année 2015, Paris était endeuillée par des attentats. Le jour de la tuerie de Charlie hebdo, le ministre fédéral de la sécurité publique alla au consulat porter des roses blanches, devant lesquelles dans la soirée et sous un froid glacial Français et Québécois vinrent se recueillir. Le 11 janvier, alors que de nombreux chefs d’État étaient à Paris, plusieurs milliers de personnes défilaient à Québec (lire L’InfoBourg de février 2015, pp. 10-11, ici en PDF), et diverses manifestations avaient lieu en Amérique du Nord. À la suite des attentats de novembre 2015, une cérémonie plus courte allait se dérouler devant le consulat général de France.

Titulaire d’une maîtrise de droit public, d’un diplôme de Sciences Po Paris et ancien élève de l’École nationale d’administration (ENA, promotion Denis Diderot, 1986 ), M. Chibaeff est entré au ministère de la Défense en 1986. Quatre ans plus tard, il était détaché auprès du ministère des Affaires étrangères. Il a occupé des postes à l’administration centrale (Europe, 1990-1991), puis a été premier secrétaire à Moscou (1991-1994), deuxième conseiller au même poste (1994-1995), puis à Alger (1995-1997) et à l’administration centrale (Afrique du Nord et Moyen-Orient). Nicolas Chibaeff a été délégué dans les fonctions de sous-directeur d’Afrique du Nord (1997-2000), délégué dans les fonctions de sous-directeur des Affaires politiques (Nations Unies et organisations internationales, 2000-2002), deuxième conseiller puis conseiller de coopération et d’action culturelle à Moscou (2002-2006), commissaire pour les Années croisées France-Russie (CulturesFrance , 2007-2012 ), secrétaire général chargé de la préparation et de l’organisation de l’édition 2012 de la conférence des ambassadeurs.

Lors de l’officialisation de la nomination de Mme Haguenauer, Nicolas Chibaeff avait annoncé qu’il passerait l’été à Québec. Une douzaine de jours plus tôt, à l’occasion du cinquantenaire de la coopération franco-québécoise, il avait livré une sorte de bilan de son séjour dans la Capitale nationale.

Dans une courte déclaration au Journal de Québec quelques jours avant le 14 juillet, Nicolas Chibaeff critiquait le « décalage » entre le « discours publicitaire » pour attirer les Français au Québec et la réalité vécue par beaucoup d’immigrants.

Quant au 14 juillet lui-même, le dernier de M. Chibaeff à Québec en qualité de Consul général, il avait été endeuillé par des dizaines de morts à Nice, sur la Promenade des Anglais. Du coup, M. Chibaeff avait subitement quitté le 500 Grande-Allée afin de se rendre sur les Plaines d’Abraham prononcer quelques mots avant le concert de Julien Clerc.

À lire: Ma Ville à moi, dans Le 16/08 de novembre 2015