Rencontres bilatérales France-Québec: coopérations universitaires à l’honneur
La visite du Premier ministre Philippe Couillard s’est poursuivie aujourd’hui 4 mars à Bordeaux, où la coopération inter-universitaire a été mise en avant.
« Ce n’est certainement pas un hasard si je me trouve aujourd’hui en région Aquitaine pour y approfondir nos relations politiques, économiques, scientifiques et universitaires. La croissance de nos entreprises de même que le développement de nos universités et de nos institutions de recherche dépendent de notre capacité à tisser des partenariats avec des régions et des économies complémentaires aux nôtres. Le dynamisme démographique et économique de la région aquitaine en fait non seulement une des régions les plus attractives de France et d’Europe, mais également un partenaire de choix pour le Québec« , a déclaré le Premier ministre Couillard.
Les Universités de Bordeaux et l’Université Laval, qui, selon les termes de Matthias Feckl, sont « des pionnières, qui ont su lancer un pont entre France et Québec« , ont approfondi aujourd’hui leurs liens déjà étroits, formalisés par la création des Entretiens Champlain-Montaigne en 2001, et aboutissant en 2012 à l’Alliance Bordeaux-Laval (ABL) favorisant la mobilité étudiante. Au fur et à mesure, industriels et investisseurs se sont joints aux étudiants et chercheurs: on peut notamment citer l’Entente aliment-santé en 2009 avec la création de l’Institut nutrition Aquitaine-Québec, l’entente sur l’eau en 2012, sur la forêt-bois en 2013, sur l’optique photonique et laser en 2014.
C’est dans cette logique qu’a été signé aujourd’hui à Bordeaux, en présence du recteur de l’Université Laval Denis Brière, et du Premier ministre, un accord de cinq ans (l’Alliance Bordeaux Laval Innovation), censé accentuer les échanges entre l’Université Laval et cinq établissements universitaires de Bordeaux: Université de Bordeaux, Université Bordeaux Montaigne, Bordeaux INP Aquitaine, Sciences Po Bordeaux et Bordeaux Sciences Agro.
Signature de l’Alliance Bordeaux Laval Innovation par @mtunondelara @al_rousset @DenisBriere @phcouillard pic.twitter.com/pTC7Z3yXOk
— Université Bordeaux (@univbordeaux) 4 Mars 2015
Cet accord prévoit une liste de secteurs de codéveloppement prioritaires :
- Santé et vieillissement des populations, notamment le développement d’une nutrition préventive pour la santé cérébrale;
- Ressources naturelles et développement durable, en particulier bois/forêt et ressources en eau;
- TIC, notamment la télémédecine, la télépathologie et la cartographie des réseaux de santé;
- Sciences politiques;
- Droit international et européen.
Au cours de cette cérémonie, le vice-recteur exécutif et au développement de l’Université Laval, Éric Bauce, a reçu un doctorat honorifique de l’Université de Bordeaux soulignant sa contribution exceptionnelle à l’entomologie forestière et son implication soutenue dans les campus durables.
Hydro-Québec a par ailleurs annoncé ce 4 mars qu’un partenariat scientifique allait être noué avec l’Université de Pau et des Pays de l’Adour, dans la suite de la convention signée avec la région Aquitaine.
Également, un projet de création d’Institut maritime regroupant des chercheurs français et québécois en sciences de la mer, à Rimouski, pourrait être signé ce vendredi à Paris. Cet institut permettrait à des chercheurs de collaborer sur des problématiques communes, tout en se positionnant favorablement vis-à-vis des grands bailleurs de fonds internationaux. Cette initiative s’insère dans les grandes lignes de la Stratégie maritime du gouvernement québécois.
[NB: mise à jour du 7 mars 2015, 13h] La création de cet institut binational a été officialisée le 6 mars. L’institut sera codirigé par le Québec et la France.
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L’université québécoise devrait devenir plus chère pour les étudiants français
Dans le cadre des élections législatives du 7 avril prochain, le Parti Libéral du Québec a émis l’idée de rendre les universités québécoises (financées en grande partie par les deniers publics) plus chères pour les étudiants français, mais moins chères pour les autres étudiants étrangers de la francophonie.
« Les libéraux souhaitent que les étudiants issus de la francophonie internationales paient le même tarif que les étudiants canadiens – au lieu de payer le tarif international » peut-on lire dans Le Devoir du 26 mars 2014. Cette révision entrainerait l’abolition de l’accord cadre franco-québécois, qui permet aux étudiants français de payer les mêmes frais de scolarité qu’un étudiant québécois depuis 1978. Un accord qui a entrainé, malgré lui, un net déséquilibre en faveur des étudiants français, ce qui n’est pas sans faire réagir régulièrement. Les étudiants français représentent ainsi 37,1% du total des étudiants étrangers.
Actuellement, trois tarifs différents sont appliqués aux étudiants qui fréquentent une université québécoise. Si l’on se réfère aux frais actuels dans plusieurs universités (pour une session à temps complet de 15 crédits en sciences humaines et sociales, incluant les frais annexes), un alignement ferait passer les étudiants français (de premier cycle, niveau licence) de la première à la deuxième ligne:
*Ces droits représentent la majoration exigée des étudiants non-résidents du Québec. Ils sont facturés par les Universités, et retournés au ministère en charge de l’Éducation. Ils ne contribuent donc pas directement au financement des universités.
L’idée d’aligner les frais de scolarité des étudiants français a été émise pour la première fois par le Ministre des finances Marceau, lors de son dépôt du budget en février 2014, avant le déclenchement des élections. Le ministre mettait alors en avant le fait que Québec débourse près de 318 millions de dollars pour financer les diverses exemptions. Ni le budget Marceau, ni la proposition du PLQ ne sont chiffrés. On ne sait donc pas combien cela pourrait rapporter au Québec.
Le PLQ « fait le pari que ces modifications augmenteront le pouvoir d’attraction des universités et que les étudiants désireront ensuite s’établir au Québec – et contribuer à l’économie », en promettant notamment d’accélérer la délivrance des permis de séjour et de travail post-diplôme. Le choix de baisser les frais des étudiants étrangers francophones participera sans nul doute à l’attractivité auprès de cette clientèle, et devrait contribuer au rééquilibrage de la population étudiante étrangère au Québec, actuellement majoritairement française. S’il est inévitable que le nombre d’étudiants français diminue avec cette hausse des frais, il est probable que le nombre d’étrangers francophones augmente. Ce faisant, face au déclin démographique qui se manifestera sous peu dans les universités québécoises, le PLQ fait le pari de la francophonie, et plus seulement de la relation franco-québécoise.
En février, l’annonce du Parti Québécois avait entraîné la création d’un mouvement de protestation par Mickaël Pilater, responsable des Jeunes Pop du Québec, devenu par la suite tête de l’une des listes UMP de Montréal pour les consulaires. Frédéric Lefebvre s’était également ému de la chose, et avait saisi la Première ministre du Québec et les autorités françaises.
Etant donné que deux partis différents, actuellement l’un comme l’autre (en fonction des fluctuations des sondages) en mesure de remporter les élections, font le même type de proposition, il est fort probable que le projet se concrétise durant la prochaine mandature, même si le parti arrivé en tête ne détient pas la majorité absolue.
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